La préfecture de police justifie l'autorisation d'une manifestation de l'ultradroite à Paris

Publié le 8 mai 2023 à 16h30, mis à jour le 8 mai 2023 à 16h36

Source : Sujet TF1 Info

Une manifestation de l'ultradroite s'est tenue samedi 6 mai à Paris.
Près de 600 personnes ont défilé, arborant des cagoules noires, des croix celtiques et criant des slogans fascistes.
Face à l'indignation de la gauche notamment, la préfecture a défendu son choix d'autoriser la manifestation.

Face à la polémique, la préfecture a choisi de justifier son choix. À l'appel de membres du groupe d'ultradroite, le "Comité du 9 mai", près de 600 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblés samedi à Paris pour commémorer le 29e anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu. Du groupe ultranationaliste "Œuvre française", ce militant est décédé après avoir fait une chute alors qu'il était poursuivi par la police à la suite d'une manifestation illégale à Paris en 1994.

"Dans la France de 2023, le bruit des bottes effraie moins que celui des casseroles"

Durant la manifestation qui s'est déroulée dans le VIe arrondissement, de nombreux participants ont défilé en portant un masque ou une cagoule noire pour se cacher le visage et des drapeaux arborant la croix celtique, symbole suprémaciste blanc. Le slogan "Europe, jeunesse, révolution" a également résonné dans les rues parisiennes, cri de ralliement du GUD (Groupe Union Défense). Des journalistes couvrant la manifestation ont rapporté des tentatives d'intimidations à leur égard.

Face à ces images, la gauche et une partie de Renaissance n'ont pas manqué de s'indigner de l'autorisation d'une telle manifestation. "Sous la cagoule ou le masque de respectabilité, l’extrême-droite demeure l’extrême-droite. Le seul changement, c’est la complicité tacite dont elle bénéficie de la part de ceux qui ont décidé d’affronter la gauche par priorité", a dénoncé le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. 

"Une manif de néo-fasciste, des gens cagoulés dans la rue (ce qui est interdit…), ça passe crème ?", a interpellé le député PS Jérôme Guedj sur Twitter. Du côté de la majorité présidentielle, la députée de Paris, Astrid Panosyan-Bouvet, a jugé que "ces images de manifestations hier de néonazis masqués dans les rues de Paris sont aussi terrifiantes qu’elles sont scandaleuses", tandis que le député écologiste, ancien macroniste, Aurélien Taché a déclaré : "Dans la France de 2023, le bruit des bottes effraie moins que celui des casseroles... honteux. Jean Moulin doit se retourner dans sa tombe."

Pas d'éléments permettant d'interdire la manifestation, selon la préfecture

Le maintien de cette manifestation a effectivement indigné alors que des rassemblements d'opposants à la réforme des retraites et visant le président et son gouvernement ont été interdites dans certaines villes. Face aux réactions, la préfecture a expliqué que "dans la mesure où cette manifestation n'avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l'ordre public, le préfet de police n'était pas fondé à prendre un arrêté d'interdiction à son encontre." Sur Twitter, la préfecture a ajouté qu'en l’espèce, les éléments dont elle disposait "ne permettaient pas d’interdire la manifestation du 6 mai."

Les autorités ont également défendu le dispositif de sécurité mis en place pour encadrer la manifestation, jugeant qu'elle avait "fait l'objet d'un encadrement adapté par les forces de l'ordre, pour éviter tout risque de débordement ou d'affrontement". Un arrêté permettant la captation d'images par drones avait été pris en amont du rassemblement, justifié notamment par le fait que "des troubles à l’ordre public sont de nature à éclater en marge du cortège avec les forces de l’ordre et des journalistes". La préfecture a finalement promis que "tout fait délictuel constaté lors de cette manifestation ou que l’exploitation postérieure des images permettrait d’identifier fera(it) l’objet d’un signalement à l’autorité judiciaire".


Aurélie LOEK

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